La kabylie, naturellement maternante ?


(...) J’ai passé un mois dans un petit village près de Tigzirt, planté sur une colline qui surplombe la méditerranée. La vie y suit des règles qui viennent de la nuit des temps et qui pourraient trouver leur place dans un guide d’éco-habitat tant l’entre-aide et le partage y sont coutumiers. Nous étions dans une maison familiale où le pain quotidien est fait à la main, cuit dans un four auto-construit, les œufs viennent des poules qui courent à côté des enfants, et le lait de la chèvre qui se repose devant la fenêtre de la cuisine, face à la mer. Nous étions dans une famille où les grands-parents étaient prêts à suivre leurs petits-enfants dans leurs multiples explorations, veillant simplement à les protéger du danger s’il s’approchait trop près. Les enfants pouvaient passer le balai, pétrir le pain, couper les courgettes avec de vrais couteaux et les remplir de farce comme si ça avait été de la pâte à modeler. On ne laisse pas pleurer les enfants, on ne les punit pas, on ne les frappe pas puisque « ça ne sert à rien ». Quand ils font quelque chose d’interdit, on les amène tranquillement vers une autre activité. Et c’est plutôt facile tant les bras sont nombreux et la colère absente « puisque ce sont des enfants ».